Rapport par pays
1. Indicateurs clés
Graphique 1: vue d’ensemble des indicateurs clés
Luxembourg | UE | ||||||||
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2011 | 2021 | 2011 | 2021 | ||||||
Objectifs au niveau de l’UE | Objectif 2030 |
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Participation aux systèmes d’éducation de la petite enfance (enfants entre 3 ans et l’âge de l'enseignement primaire obligatoire) | ≥ 96% | 89.9%13 | 89.5%20 | 91.8%13 | 93.0%20 | ||||
Élèves en huitième année ayant une maîtrise insuffisante des compétences numériques | < 15% | : | 50.6%18 | : | : | ||||
Jeunes de 15 ans ayant une maîtrise insuffisante des compétences de base: | Compréhension de l’écrit | < 15% | 26.0%09 | 29.3%18 | 19.7%09 | 22.5%18 | |||
Mathématiques | < 15% | 23.9%09 | 27.2%18 | 22.7%09 | 22.9%18 | ||||
Sciences | < 15% | 23.7%09 | 26.8%18 | 18.2%09 | 22.3%18 | ||||
Jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation (18-24 ans) | < 9% | 6.2% | 9.3%b | 13.2% | 9.7%b | ||||
Exposition des diplômés de l’EFP à la formation par le travail (apprentissage en milieu professionnel) | ≥ 60% (2025) | : | 32.1% | : | 60.7% | ||||
Diplômés de l’enseignement supérieur (25-34 ans) | ≥ 45% | 46.6% | 62.6%b | 33.0% | 41.2% | ||||
Participation des adultes à l’apprentissage (25-64 ans) | ≥ 47% (2025) | : | : | : | : | ||||
Autres indicateurs contextuels | |||||||||
Indicateur d’équité (points de pourcentage) | : | 26.918 | : | 19.30%18 | |||||
Jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation (18-24 ans) | Nés dans le pays | 5.5% | 7.0%b | 11.9% | 8.5%b | ||||
Nés dans l’UE | 7.3%u | 13.0%b | 25.3% | 21.4%b | |||||
Nés hors UE | :u | 16.4%bu | 31.4% | 21.6%b | |||||
Diplômés de l’enseignement secondaire de 2e cycle (20-24 ans, CITE 3-8) | 73.3% | 76.6%b | 79.6% | 84.6%b | |||||
Diplômés de l’enseignement supérieur (25-34 ans) | Nés dans le pays | 41.9% | 53.5b | 34.3% | 42.1%b | ||||
Nés dans l’UE | 52.4% | 70.9%b | 28.8% | 40.7%b | |||||
Nés hors UE | 44.5% | 64.5%b | 23.4% | 34.7%b | |||||
Investissements dans l’éducation | Dépenses publiques totales au titre de l’éducation en % du PIB | 5.0% | 5.0%20 | 4.9% | 5.0%20 | ||||
Dépenses publiques en matière d’éducation en pourcentage du total des dépenses publiques globales | 12.0% | 10.5%20 | 10.0% | 9.4%20 |
Sources: Eurostat (UOE, EFT, COFOG); OCDE (PISA). Pour de plus amples informations, voir l’annexe I et la boîte à outils de suivi. Remarques: les moyennes du rapport PISA 2018 pour l’UE en matière de compréhension de l’écrit n’incluent pas l’Espagne; l’indicateur utilisé (ECE) désigne les programmes d’éducation et d’accueil de la petite enfance qui sont considérés par la Classification internationale type de l’éducation (CITE) comme étant «éducatifs» et constituent donc le premier niveau d’éducation dans les systèmes d’éducation et de formation – niveau CITE 0; l’indicateur d’équité montre l’écart dans la proportion d’élèves ayant une maîtrise insuffisante en compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences (combinées) parmi les élèves âgés de 15 ans entre les quartiles inférieur et supérieur de l’échelle socio-économique; b= rupture de série, d= fiabilité faible, : = non disponible, 09 = 2009, 13 = 2013, 18 = 2018, 20 = 2020.
Graphique 2: positionnement par rapport aux meilleurs et aux moins bons
2. Gros plan sur les structures d’éducation et d’accueil non formel des jeunes enfants
Des normes communes ont été introduites pour harmoniser la qualité dans l’ensemble du secteur de l’éducation non formelle. L’éducation non formelle complète l’enseignement scolaire en développant les aptitudes linguistiques et motrices des enfants, leur compétence sociale et leur créativité de façon ludique. Elle couvre trois tranches d’âge au Luxembourg: les jeunes enfants de moins de 4 ans, les enfants en âge scolaire de 4 à 12 ans, et les adolescents et les jeunes adultes âgés de 12 à 30 ans. Plus de 800 prestataires de services sont actifs dans l’éducation non formelle: les mini-crèches pour les jeunes enfants; les structures d’éducation et d’accueil pour les enfants âgés de 4 à 12 ans et plus de 500 assistants parentaux. En 2016, la loi sur la jeunesse a établi un cadre national de référence pour l’éducation non formelle dans toutes les crèches, garderies, maisons de jeunes, et chez les assistants parentaux agréés. Il s’agit d’une avancée majeure dans le développement de l’éducation non formelle, qui se voit attribuer des objectifs bien définis et des normes de qualité pour le développement des enfants. Ceux-ci ont été mis à jour en 2021, afin de permettre aux experts régionaux du Service national de la jeunesse de contrôler la qualité.
Le financement de l’éducation et de l’accueil des jeunes enfants (EAJE) est subordonné au respect d’un statut contractuel et de normes de qualité. Depuis 2017, tous les prestataires doivent se conformer au cadre de référence pour être admissibles au programme de cofinancement public sous la forme de chèques-service accueil. Ces normes incluent des activités destinées à familiariser les enfants de 1 à 4 ans avec le luxembourgeois et le français. Les chèques-service accueil offrent aux parents des tarifs réduits dans les crèches, les mini-crèches, les garderies et les garderies extrascolaires. Dans le secteur non formel, les prestataires peuvent être conventionnés (municipalités et organisations à but non lucratif) ou non conventionnés (organisations à but lucratif). Les deux types de prestataires peuvent prétendre à un cofinancement, mais seuls les prestataires conventionnés reçoivent un financement public supplémentaire.
Le Luxembourg a considérablement renforcé son soutien aux services d’accueil en les rendant gratuits pour les enfants de l’enseignement primaire à partir de 2022-2023. Cela s’applique aux garderies (maisons relais1 et foyers scolaires2) ainsi qu’aux assistants parentaux agréés. Ces structures seront gratuites pour tous les enfants les semaines d’école, du lundi au vendredi, de 7 heures à 19 heures; les garderies seront payantes uniquement pendant les vacances scolaires. Les familles peuvent utiliser les chèques-service accueil en dehors de ces heures ou périodes. Afin d’améliorer la qualité de l’enseignement, le développement professionnel continu du personnel de l’éducation non formelle a été élargi et rendu gratuit à hauteur de 24 heures de formation par an à partir de 2022. En outre, une orientation professionnelle à l’intention des responsables des garderies a été mise en place et des sessions de formation spécifiques à l’intention du personnel technique et administratif ont été élaborées.
Afin d’améliorer les services fournis, le gouvernement a lancé un examen de son secteur de l’éducation non formelle. Celui-ci couvre l’EAJE pour les enfants avant l’âge de la scolarité obligatoire (4 ans) et les services extrascolaires destinés aux enfants en âge scolaire. L’examen, mené par l’OCDE avec le soutien de la Commission européenne, est axé en particulier sur l’assurance qualité et sur le développement des compétences du personnel (OCDE, 2022). Il ressort de cet examen que les exigences en matière de formation initiale applicables au personnel étaient faibles par rapport aux autres pays, avec seulement 60 % du personnel tenu de posséder une certification du niveau 3 de la CITE en sciences sociales ou de l’éducation, tandis que pour les structures formelles d’EAJE, tous les enseignants doivent posséder un bachelor en sciences de l’éducation. L’OCDE a recommandé au Luxembourg:
- d’améliorer le suivi de la qualité des processus;
- de veiller à ce que les investissements soient affectés de manière efficiente aux différents types de structures d’EAJE;
- d’envisager d’élaborer des programmes de formation initiale des enseignants propres à l’EAJE;
- de renforcer la coordination entre les départements chargés de l’accueil formel et non formel des jeunes enfants au sein du ministère de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse afin que les deux systèmes soient plus complémentaires.
3. Éducation et accueil de la petite enfance
La participation à l’EAJE avant l’âge de 3 ans est élevée, mais à partir de l’âge de 3 ans, elle est inférieure à la moyenne de l’UE. Près de deux tiers (63,2 %) des enfants de moins de 3 ans sont pris en charge par des professionnels. Il s’agit d’un des taux de fréquentation des structures d’accueil les plus élevés de l’UE. À partir de l’âge de 3 ans, 89,5 % des enfants participent à l’EAJE, un taux inférieur à la moyenne de l’UE (93,0 %) et à l’objectif au niveau de l’UE (96 %) pour 2030.
Améliorer l’accès aux structures d’EAJE et leur qualité pourrait contribuer à combler les écarts de développement. Au cours des 15 dernières années, le Luxembourg a investi massivement dans l’extension de l’accès aux structures d’EAJE et d’accueil non formel, en triplant presque le nombre de places et en doublant la disponibilité des assistants parentaux (Neumann, 2018). L’enseignement obligatoire commence par deux années d’enseignement préscolaire dès l’âge de 4 ans, et cet enseignement peut être complété par une année facultative dès l’âge de 3 ans. Les chèques-service accueil offrent aux parents des tarifs réduits dans les crèches, les mini-crèches, les garderies et les garderies extrascolaires. En 2019, le système de garderie a été élargi pour pouvoir inclure un nouveau type d’établissement: les mini-crèches. Il s’agit de petites structures de garderie pouvant accueillir jusqu’à 11 enfants âgés de maximum 12 ans.
4. Enseignement scolaire
Le Luxembourg a été l’un des pays de l’UE ayant affiché l’une des plus courtes périodes de fermeture complète de ses écoles pendant la pandémie. La perte de jours d’école pendant la fermeture des écoles a été maintenue au minimum. Entre janvier 2020 et mai 2021, les écoles primaires ont été fermées pendant 48 jours et les écoles secondaires pendant 34 jours, contre 78 jours et entre 92 et 101 jours en moyenne dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2021). Afin de garantir la continuité, une approche hybride a été adoptée de l’enseignement préprimaire à l’enseignement secondaire, avec un mélange de cours en ligne et de devoirs à faire seuls à la maison. Depuis 2020, des cours de rattrapage d’été gratuits destinés aux élèves qui en ont besoin ont permis d’atténuer les pertes d’apprentissage. Une enquête menée auprès des parents concernant les tests de compétence nationaux de 2020 a montré que les élèves issus des milieux socio-économiques les plus aisés bénéficiaient de davantage de soutien scolaire de la part de leurs familles, tandis que les élèves issus d’un milieu défavorisé ou d’une famille lusophone recevaient davantage de soutien de leurs professeurs et de leurs camarades de classe. Ce constat indique que les enseignants ont adapté leur soutien aux besoins des élèves, en aidant essentiellement les élèves qui ont davantage de difficultés d’apprentissage (Fischbach et al., 2021).
Au cours de la première année de la pandémie, les résultats scolaires sont restés stables en moyenne, mais les élèves défavorisés ont été davantage touchés. Sur la base des résultats des tests de compétence nationaux (épreuves standardisées), l’université du Luxembourg a analysé l’effet de la pandémie sur les acquis d’apprentissage des élèves. Dans l’enseignement préprimaire et primaire, les scores de compétences sont restés stables, à l’exception d’une baisse substantielle en allemand. La même tendance a été observée dans l’enseignement secondaire inférieur, en particulier chez les élèves issus de milieux socio-économiques moins aisés, ce qui accentue les inégalités existantes. L’allemand est la principale langue d’enseignement au Luxembourg, et cette détérioration risque donc également d’avoir des répercussions sur la plupart des autres matières. Les groupes les plus vulnérables semblaient être les élèves issus de milieux défavorisés et ceux dont la langue parlée à la maison n’est pas l’une des trois langues d’enseignement. Selon l’enquête, les familles se sont bien accommodées de l’enseignement à domicile et les enseignants ont régulièrement communiqué avec leurs élèves. L’infrastructure n’a pas constitué un problème pour l’accès aux matériels numériques (LUCET, 2021). Avec une taille moyenne de classe de 15 élèves au niveau primaire dans les écoles publiques, contre 21 en moyenne dans l’OCDE, le Luxembourg se trouvait dans une position favorable pour rouvrir ses écoles tout en garantissant le maintien d’une distance de sécurité d’un à deux mètres entre les élèves et le personnel (OCDE, 2020).
Les pénuries d’enseignants sont palliées au moyen de recrutements latéraux et de personnel contractuel. Depuis 2018, le gouvernement recrute des titulaires d’un bachelor dans des domaines liés à l’enseignement primaire (psychologie, langues, sport, etc.). Après avoir réussi une formation en cours d’emploi de 250 heures environ, les candidats peuvent devenir enseignants primaires dans les mêmes conditions que les personnes titulaires d’un bachelor en sciences de l’éducation. Le Luxembourg a également recours à du personnel n’ayant pas réussi un concours public afin d’obtenir un poste permanent: la proportion de ces enseignants est de 29 % dans les établissements d’enseignement secondaire supérieur général et de 27 % dans l’EFP (QP, 2022).
La population scolaire croissante devient de plus en plus diverse. Entre 2010 et 2020, la population en âge d’être scolarisée (4 à 16 ans) a augmenté de 11 % (contre 1 % en moyenne dans l’UE). La population globale a augmenté de 24 % au cours de la même période, principalement en raison de l’immigration. Au cours de l’année scolaire 2021/2022, les élèves dont la première langue est le luxembourgeois sont devenus minoritaires dans l’enseignement primaire (33,1 %) et secondaire (36,3 %) (MENJE, 2022a). Seuls 83,5 % des élèves suivent le programme national; les autres suivent un programme européen ou international dans des écoles publiques (5,1 %) ou privées (11,4 %). Cette diversité culturelle et linguistique constitue un défi particulier pour le système scolaire.
Le taux de jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation (9,3 %) est proche de l’objectif fixé au niveau de l’UE (inférieur à 9 %). Ce chiffre doit être considéré avec prudence compte tenu de la taille limitée de l’échantillon. Selon les données nationales, la proportion de jeunes âgés de 16 à 24 ayant quitté l’éducation et la formation sans obtenir leur diplôme de l’enseignement secondaire supérieur a augmenté pour atteindre 8,4 % en 2020/2021, dépassant le niveau atteint au cours de n’importe quelle année depuis 2016/2017 (MENJE, 2022b). Sont inclus dans ce groupe les jeunes qui ont quitté le système scolaire national mais se sont ensuite inscrits dans une école étrangère ou privée. La plupart des jeunes ont entre 16 et 18 ans lorsqu’ils décrochent. Il s’agit du moment où ils doivent choisir entre différentes voies d’enseignement. Les élèves en filière générale choisissent entre le régime général ou le régime professionnel, tandis que les élèves en filière classique choisissent leurs matières de spécialisation (MENJE, 2022). La proportion de garçons qui décrochent est près de deux fois plus élevée que celle des filles (63 % contre 37 %). En 2020/2021, 80 % des élèves en décrochage ont redoublé au moins une fois (graphique 3). Le taux de redoublement demeure élevé: à la fin de l’enseignement primaire (12 ans), 21 % des élèves ont redoublé au moins une année scolaire (MENJE, 2022c). En ce qui concerne la répartition entre les différents secteurs de l’enseignement secondaire, la plupart des jeunes décrochent de l’EFP (31 %) ou de l’enseignement secondaire général inférieur (20 %). Selon une enquête du Service national de la jeunesse (MENJE, 2021), le risque de ne participer ni à l’éducation, ni à l’emploi, ni à la formation entre l’âge de 20 et de 34 ans est trois fois plus grand chez les jeunes qui ont quitté l’enseignement sans qualification que chez leurs pairs qui ont continué ou terminé l’enseignement secondaire. En 2021, le pourcentage de jeunes âgés de 15 à 29 ans ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation (NEET) s’élevait à 8,8 % (la moyenne de l’UE étant de 13,1 %)3.
Des enquêtes nationales et internationales montrent des inégalités marquées en matière de compétences de base. Les compétences de base des élèves, déjà inférieures à la moyenne de l’Union, sont étroitement liées à leur statut socio-économique. En 2018, les niveaux de compétence moyens au Luxembourg, tels qu’évalués dans le cadre du programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE, étaient considérablement plus faibles que la moyenne de l’UE dans l’ensemble des trois matières testées. Les élèves favorisés ont obtenu 122 points de plus que leurs camarades issus de milieux défavorisés, soit l’écart le plus important observé dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. Les tests de compétence nationaux montrent que lorsqu’ils entrent à l’école, les élèves possèdent les compétences de base essentielles pour commencer à acquérir les aptitudes formelles à lire et à écrire, même si des différences significatives dans ces compétences initiales ont pu être mises en évidence (Hornung et al., 2021). Lors de la première année de l’enseignement primaire, dans le système scolaire national, l’allemand est introduit non pas en tant que deuxième ou troisième langue, mais bien comme une langue que les élèves peuvent comprendre instinctivement, un transfert cognitif direct du luxembourgeois à l’allemand étant escompté. Au début de la troisième année de l’enseignement primaire, à l’âge de 8 ans, les écarts dans les compétences sont exacerbés, et les résultats de nombreux élèves chutent de façon marquée en compréhension écrite de l’allemand et en mathématiques, en particulier ceux des élèves issus de milieux défavorisés ou de ceux dont la première langue n’est ni l’allemand ni le luxembourgeois.
Encadré 1: le Luxembourg lutte contre le décrochage scolaire au moyen d’un soutien et d’une orientation spécialisés
À titre préventif, le Service national de la jeunesse (SNJ) propose aux écoles secondaires des ateliers scolaires ou extrascolaires afin d’aider les élèves à planifier leur carrière et de les responsabiliser à l’égard de leurs choix. Il repère aussi les jeunes qui ont décroché et les contacte individuellement pour leur proposer une orientation. Ces jeunes sont alors informés des offres de formation et d’emploi possibles. Si un retour à l’école ou une transition vers l’emploi ne peuvent être envisagés dans l’immédiat, le SNJ peut leur proposer de participer à un programme volontaire de 3 à 12 mois au cours duquel les jeunes sont accompagnés. Ce programme a de plus en plus de succès, avec plus de 450 conventions signées en 2020/2021. Le Service national de la jeunesse organise également différents ateliers, sessions de formation et stages de «découverte» en entreprise de courte durée. Le nombre de participants augmente rapidement et a atteint plus de 3 000 en 2020/2021.
Graphique 3: décrochage par nombre de redoublements en 2016/2017 et 2020/2021 (en %)
Les résultats scolaires des élèves sont fortement influencés par leur capacité à s’adapter au système éducatif trilingue. La langue utilisée dans le système scolaire national au niveau primaire est le luxembourgeois, tandis que les élèves apprennent à lire et à écrire en allemand et que toutes les matières (à l’exception du français) sont enseignées en allemand. La principale langue d’enseignement dans l’enseignement secondaire technique demeure l’allemand, mais les mathématiques sont enseignées en français dans l’enseignement du deuxième cycle, langue qui est aussi celle de l’examen final. Lors de la quatrième année de l’enseignement secondaire classique, la langue d’enseignement passe de l’allemand au français dans toutes les matières. C’est difficile pour tous les élèves, mais particulièrement pour ceux qui ne parlent pas luxembourgeois à la maison. Des données scientifiques4 semblent indiquer que les compétences en lecture et en calcul se développent le mieux lorsqu’elles sont acquises dans la première langue. Pour rendre la scolarité plus accessible, un projet pilote sera lancé dans quatre écoles primaires à partir de 2022/2023, dans lequel les élèves commenceront leur instruction en français, avant de poursuivre en allemand. Le niveau de compétences à atteindre restera le même; c’est l’ordre des langues d’enseignement qui changera. Si le projet pilote conduit à des résultats positifs et est étendu à d’autres d’écoles, les élèves francophones pourraient obtenir de meilleurs résultats tout au long de leur scolarité.
Graphique 4: évolution de la compréhension écrite de l’allemand en troisième année de l’enseignement primaire, en fonction du statut socio-économique et de l’origine linguistique, entre 2018 et 2020
Le Luxembourg a pris des mesures pour combler les inégalités entre les élèves Les maisons relais, qui accueillent les élèves après l’école, seront gratuites les jours d’école pour tous les enfants à partir de 2022/2023. Tous les élèves recevront également un déjeuner gratuit à l’école. En 2018, neuf centres de soutien aux enfants ayant des besoins éducatifs particuliers ont été créés, dans lesquels les élèves peuvent recevoir un soutien ciblé en plus du soutien dont ils bénéficient dans l’enseignement primaire ou secondaire. Le Luxembourg a également décidé de rendre l’éducation musicale gratuite pour tous les enfants à partir de 2022/2023.
Les écoles européennes offrent un choix linguistique différent de celui du système national. La sixième école européenne accréditée du Luxembourg5 a ouvert ses portes en septembre 2022. Le nombre total d’élèves dans les écoles européennes s’élève à 3 400. Les élèves peuvent choisir l’anglais, le français ou l’allemand comme langue principale. Le luxembourgeois est enseigné deux fois par semaine jusqu’en troisième année de l’enseignement secondaire, tandis que les langues étrangères telles que l’italien et le portugais sont proposées comme matières facultatives. Les écoles internationales publiques, accessibles gratuitement à tous les élèves, constituent une autre offre d’enseignement accessible pour les élèves dont la première langue n’est pas le luxembourgeois, par exemple.
Les sciences du numérique ont été introduites dans l’enseignement secondaire. Depuis l’année scolaire 2020/2021, le codage a été intégré dans les cours de mathématiques du cycle 4 (élèves âgés de 10 à 11 ans) et, depuis l’année 2021/2022, il est intégré dans l’ensemble des matières enseignées aux cycles 1 à 3 (élèves âgés de 4 à 9 ans). Dans l’enseignement secondaire, l’informatique est devenue une nouvelle matière en 2021/2022 et comprend le codage et la pensée informatique. Depuis 2021/2022, 18 établissements d’enseignement secondaire, soit la moitié de l’ensemble des écoles secondaires, participent à un projet pilote visant à introduire les sciences numériques à partir de la septième année jusqu’à la fin des trois années de l’enseignement secondaire inférieur. À partir de 2022/2023, la nouvelle matière sera enseignée une fois par semaine dans toutes les écoles secondaires à partir de la septième année (MENJE, 2021b). Dans le cadre de la stratégie d’amélioration de l’éducation numérique, l’Institut de formation de l’Éducation nationale propose de nouveaux cours de formation professionnelle continue aux enseignants du primaire et du secondaire.
Les enfants ukrainiens sont intégrés dans l’enseignement en trois étapes. Entre le début de la guerre contre l’Ukraine et juin 2022, le Luxembourg a accueilli près de 1 300 élèves (MENJE, 2022d). Au niveau primaire, 461 élèves ont intégré des écoles primaires ordinaires ou des classes d’accueil dans des écoles internationales publiques. Au niveau secondaire, une écrasante majorité des élèves (plus de 800) a intégré les six écoles européennes, dans des classes d’accueil anglophones organisées spécialement pour les élèves ukrainiens. Lorsque les élèves sont prêts, ils peuvent intégrer les classes internationales ordinaires. En fonction de leur âge et de leurs progrès, ils commenceront aussi à apprendre le français ou l’allemand. Afin de mieux prendre en charge les enfants déplacés, des personnes parlant ukrainien sont recrutées. Elles peuvent intervenir pendant les leçons, guidées par l’enseignant, afin d’aider les enfants, par exemple en leur fournissant des traductions ou des explications en ukrainien. Les élèves en dernière année du système scolaire ukrainien pourront passer l’épreuve ukrainienne d’entrée à l’université en ligne portant sur plusieurs matières en septembre. Les jeunes qui sont déjà diplômés de l’enseignement secondaire en Ukraine peuvent se préparer pour un diplôme d’accès aux études supérieures en anglais, qui leur donne accès à l’enseignement supérieur européen.
5. Enseignement et formation professionnels et apprentissage des adultes
L’enseignement et la formation professionnels (EFP) et l’éducation des adultes restent attrayants. En 2020, 61,6 % de l’ensemble des apprenants dans l’enseignement secondaire supérieur étaient inscrits dans l’EFP6. S’il y a lieu de considérer les données avec prudence compte tenu de la taille limitée de l’échantillon, l’EFP conserve de bonnes perspectives d’emploi malgré la forte diminution du taux d’emploi des jeunes diplômés de l’EFP7 en 2021: 77 % (la moyenne de l’UE étant de 76,4 %) contre 95,4 % en 2018 et 100 % en 2019. La prime temporaire à l’apprentissage, introduite pour faire face au risque de pénurie de postes d’apprentissage en raison de la crise de la COVID-19, a été prolongée jusqu’en octobre 2021. Le Luxembourg affichait un taux global élevé de participation à l’apprentissage des adultes en 2021 (17,9 % contre 10,8 % dans l’UE), notamment parmi les personnes sans emploi (34,4 % en 2021 contre 12,7 % dans l’UE). La participation reste toutefois inégale, avec seulement 8,9 % de travailleurs âgés en 2021 et 6,8 % de travailleurs peu qualifiés (contre 24,6 % de travailleurs qualifiés) dans l’apprentissage des adultes. Il est crucial de renforcer la qualité et l’inclusivité de l’enseignement et de la formation pour permettre au Luxembourg de pallier les pénuries de main-d’œuvre et de contribuer à atteindre les grands objectifs en matière de compétences et d’emploi de l’Union pour 2030.
64 % des adultes possèdent au moins des compétences numériques de base (contre 54 % au niveau de l’UE) (Commission européenne, 2022). Les personnes au Luxembourg affichent également des résultats supérieurs à la moyenne de l’UE dans les catégories «compétences numériques plus avancées» et «au moins des compétences logicielles de base». Le taux de diplômés en TIC sur le total des diplômés est également supérieur à la moyenne de l’UE (5 % contre 3,9 %), mais le Luxembourg continue de faire face à une pénurie considérable de spécialistes des TIC, sensiblement supérieure à la moyenne de l’UE. Pour les TIC, «Bac+2» est le niveau minimal requis par 95,9 % des entreprises (FEDIL, 2022). En septembre 2021, le Luxembourg a publié sa nouvelle stratégie intitulée «plan d’action national d’inclusion numérique» (ministère de la digitalisation, 2021) et a lancé le Digital Learning Hub (un centre d’apprentissage numérique) en mai 2022. Les stratégies et plans actuels et à venir mettent l’accent sur les compétences numériques avec l’entière participation des partenaires sociaux et des parties prenantes. Les objectifs de «Future Skills» (le volet de l’initiative consacré à la formation, dans le cadre du plan pour la reprise et la résilience) ont été atteints entre octobre 2020 et décembre 2021 pour la totalité des demandeurs d’emploi participants et ceux de plus de 45 ans.
La mise en œuvre de la stratégie nationale pour les compétences est en préparation. L’étude de l’OCDE en cours sur le marché du travail du Luxembourg et les besoins en matière de qualifications qui en résultent contribuera à l’élaboration de la stratégie nationale pour les compétences et à la mise en œuvre d’un plan d’action en matière de formation en 2022/2023. En 2021, le ministère du travail et le service public de l’emploi ont également mené plusieurs études sectorielles sur les professions et les compétences recherchées (dans le cadre de l’initiative «Future Skills»), en coopération avec les fédérations patronales. Il s’agit d’une réponse forte à la nécessité de surveiller et d’anticiper la demande de compétences au Luxembourg dans un contexte d’inadéquation potentielle entre l’offre et la demande de compétences et de pénuries croissantes de main-d’œuvre.
Les services d’orientation et d’appui pour l’éducation des adultes se sont améliorés en 2021. Le nouveau guichet unique pour la formation tout au long de la vie de la Maison de l’orientation donne des informations à tous les adultes à la recherche d’une formation, quels que soient leur objectif et la nature de la formation qu’ils recherchent. D’autres mesures, annoncées dans l’accord de coalition de 2019, en sont encore à un stade précoce, telles que l’introduction de comptes d’apprentissage individuels et la création d’une agence d’accréditation afin de favoriser la qualité de l’apprentissage tout au long de la vie et la transparence sur le marché de la formation professionnelle.
Encadré 2: projet du Fonds social européen «Basic Digital Skills 2022».
L’objectif de ce projet du Fonds social européen est de former les demandeurs d’emploi qui possèdent peu ou pas de compétences informatiques. De nombreux travailleurs au Luxembourg se sont adaptés à l’évolution rapide de l’informatique, mais d’autres (en particulier les travailleurs plus âgés) n’ont pas eu l’occasion d’acquérir ce type de compétences et rencontrent désormais des difficultés sur un marché du travail qui a complètement changé. Le programme vise à aider ces demandeurs d’emploi en démystifiant la complexité des outils informatiques, en les aidant à acquérir les compétences de base nécessaires pour utiliser les outils informatiques, à se présenter sur les médias sociaux professionnels et à comprendre l’incidence de l’utilisation des outils, et à développer leurs compétences d’apprentissage au moyen d’exercices pratiques. Comme fil conducteur de ce programme de formation, il est demandé à chaque participant de rédiger son CV et sa lettre de motivation au format électronique.
Au terme de la formation, chaque participant est invité à dresser le bilan de la formation à titre individuel, afin de mettre en évidence les bénéfices du programme, de passer en revue les progrès accomplis et de définir ses futurs besoins et actions.
Budget: 120 400 EUR, dont 60 200 EUR au titre du cofinancement du Fonds social européen.
https://fonds-europeens.public.lu/fr/projets-cofinances/fse/2014-2020/1123.html
6. Enseignement supérieur
Les taux de diplômés de l’enseignement supérieur et d’emploi de ces derniers sont parmi les plus élevés de l’UE, avec 62,6 % de la population âgée de 25 à 34 possédant un diplôme de l’enseignement supérieur (contre une moyenne de l’UE de 41,2 %), soit le taux le plus élevé de l’UE. La proportion de femmes hautement qualifiées dans cette tranche d’âge dépasse celle des hommes de 15,1 points de pourcentage (contre une moyenne de l’UE de 11,1). Le taux est sensiblement plus élevé parmi la population migrante (69,1 %, contre 53,5 % des personnes nées au Luxembourg). Les programmes d’études à l’université du Luxembourg sont bilingues, trilingues (français, allemand, anglais) ou unilingues anglais. Avec une forte proportion d’étudiants internationaux, le Luxembourg a peut-être été plus touché que d’autres pays par les restrictions de voyage liées à la pandémie (OCDE, 2020).
La proportion de diplômés des TIC est élevée, mais ne répond toujours pas à la demande. Selon l’indice relatif à l’économie et à la société numériques de la Commission européenne de 2021, la proportion de spécialistes et de diplômés des TIC du Luxembourg est supérieure à la moyenne de l’UE, mais la pénurie de spécialistes des TIC persiste. Cette situation pourrait constituer un obstacle à la numérisation de l’économie. La proportion de spécialistes des TIC parmi les diplômés est de 5,0 % (contre une moyenne de l’UE de 3,9 %). En 2021, le Luxembourg était le troisième pays de l’UE dans lequel la proportion de spécialistes des TIC au sein de la main-d’œuvre était la plus élevée (6,7 %). Un travailleur dans le domaine des TIC sur cinq (19,7 %) était une femme, un taux légèrement supérieur à la moyenne de l’UE (19,1 %).
Les taux d’emploi des diplômés se sont améliorés en 2021, mais n’atteignaient pas encore leur niveau d’avant la pandémie. Le taux d’emploi des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur en 2021 s’est quelque peu amélioré, pour atteindre 87,0 % (contre une moyenne de l’UE de 84,9 %), mais il reste considérablement inférieur au taux de 2019 (94,2 %). Parmi les jeunes diplômés, ceux qui possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur avaient plus souvent un emploi que les diplômés de l’EFP (différence de 10 points de pourcentage). Les jeunes ont été particulièrement touchés par la crise de la COVID-19: le taux de chômage des jeunes a en effet augmenté de 7,9 points de pourcentage en un an, pour atteindre 25,1 % au premier trimestre de 2021. Comme dans la plupart des pays de l’OCDE, le fait d’avoir un diplôme de l’enseignement supérieur entraîne non seulement une prime à l’emploi, mais aussi un avantage considérable sur le plan des revenus. Au Luxembourg, les personnes âgées de 25 à 64 ans qui sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et qui perçoivent des revenus d’un emploi à temps plein et à l’année ont gagné, en 2018, 47 % de plus que les travailleurs à temps plein et à l’année qui sont titulaires d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, contre 57 % en moyenne dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2021).
De nouveaux programmes d’études ont été introduits à l’université du Luxembourg en 2021-2022. Ceux-ci incluent un programme de bachelor pour les aspirants professeurs de musique, un programme de master pluridisciplinaire en science des données, transformation numérique dans la finance (dans le cadre du master en science de la finance et de l’économie) et marchés publics numériques (dans le cadre du master en logistique et gestion de la chaîne d’approvisionnement). À la suite du lancement du bachelor en médecine en 2020, l’université élargit également son offre d’études médicales avec trois nouvelles spécialisations médicales en médecine générale, oncologie et neurologie.
Annexe I: sources des indicateurs clés
Indicateur | Source |
---|---|
Participation aux systèmes d’éducation de la petite enfance | Eurostat (UOE), educ_uoe_enra21 |
Élèves en huitième année ayant une maîtrise insuffisante des compétences numériques | IEA, ICILS |
Élèves de 15 ans faibles en lecture, en maths et en sciences | OCDE (PISA) |
Jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation | Méta-données: Eurostat (EFT),
edat_lfse_14 Données par pays de naissance: Eurostat (EFT), edat_lfse_02 |
Exposition des diplômés de l’EFP à la formation par le travail | Eurostat (EFT), edat_lfs_9919 |
Diplômés de l’enseignement supérieur |
Méta-données: Eurostat (EFT),edat_lfse_03
Données par pays de naissance: Eurostat (EFT), edat_lfse_9912 |
Participation des adultes à l’apprentissage | Les données pour l’objectif au niveau de l’UE ne sont pas disponibles. La collecte des données commence en 2022. Source: EFT DE L’UE. |
Indicateur d’équité | Calculs de la Commission européenne (Centre commun de recherche) fondés sur les données PISA 2018 de l’OCDE |
Diplômés de l’enseignement secondaire supérieur | Eurostat (EFT),edat_lfse_03 |
Dépenses publiques au titre de l’éducation en % du PIB | Eurostat (COFOG), gov_10a_exp |
Dépenses publiques en matière d’éducation en pourcentage du total des dépenses publiques globales | Eurostat (COFOG), gov_10a_exp |
Annexe II: structure du système éducatif
Veuillez envoyer vos observations ou questions par courrier électronique à l’adresse suivante:
Notes
- 1 Aussi appelés centres d’accueil.
- 2 Un centre d’accueil de jour proposant des activités éducatives non formelles pour les enfants âgés de 3 à 12 ans après l’école et pendant les vacances scolaires.
- 3 [EDAT_LFSE_18]
- 4 Entre 1985 et 2001, Thomas et Collier ont examiné les dossiers scolaires de 700 000 élèves issus de minorités linguistiques parlant des dizaines de langues familiales différentes, dans cinq systèmes scolaires différents. Ils ont découvert que le principal indicateur de réussite au niveau secondaire supérieur dans le système éducatif en langue dominante (l’anglais) était le nombre d’années d’instruction initialement reçues par les élèves dans leur première langue. L’Unesco a aussi publié plusieurs études de cas sur les effets positifs à long terme de l’éducation bilingue basée sur la première langue.
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000161121_fre. - 5 Une école européenne est un type d’école internationale qui adopte une approche pédagogique multilingue et multiculturelle, et dont le certificat de fin d’études secondaires est le baccalauréat européen.
- 6 [educ_uoe_enrs05]
- 7 [edat_lfse_24]
Références de publication
- Numéro de catalogueNC-AN-22-010-FR-Q
- ISBN978-92-76-55910-8
- ISSN2466-9997
- DOI10.2766/429222