Rapport par pays
Boîte à outils de suivi - Luxembourg1. L’apprentissage au service de la durabilité
Les politiques relatives à l’apprentissage au service de la durabilité sont intégrées dans divers actes juridiques et stratégies. La stratégie pour l’éducation au développement durable de 2012 définit les compétences et les thèmes clés de l’éducation au développement durable. Elle permet de favoriser une approche globale et intégrée de l’apprentissage au service de la durabilité et promeut des méthodes d’apprentissage interdisciplinaires et participatives. Une liste des acteurs de l’éducation et de la société civile et de leur rôle dans la promotion de la durabilité ( Recueil des acteurs de l’éducation au développement durable ) a été publiée parallèlement à la stratégie en 2012 et mise à jour en 2019. Le plan national pour le développement durable et d’autres documents stratégiques du Luxembourg font référence à l’apprentissage au service de la durabilité dans des termes généraux, sans fournir de définition unique et uniforme. Dans ces documents, l’accent est mis sur l’importance de l’intégration de la durabilité dans différents niveaux d’éducation et du développement des compétences clés correspondantes. L’apprentissage au service de la durabilité est encouragé au moyen d’une série de mesures d’incitation, y compris un soutien financier, des programmes pédagogiques et des plateformes spécialisées.
L’université du Luxembourg est engagée en faveur de la durabilité. Bien que la loi sur l’enseignement supérieur ne fasse pas référence à l’apprentissage au service de la durabilité, la durabilité est mentionnée dans les documents stratégiques de l’université (université du Luxembourg, 2018). En 2009, l’université du Luxembourg a créé une cellule de développement durable qui vise à intégrer la durabilité dans l’éducation et la recherche au moyen d’un engagement civique. L’université est membre de l’ International Sustainability Campus Network , dont les membres s’efforcent de montrer l’exemple et de devenir des laboratoires pour l’utilisation durable des ressources, la coexistence sociale au sein des campus et la conception universitaire durable. L’université propose plusieurs programmes d’études liés à l’apprentissage au service de la durabilité, par exemple le certificat de développement durable et d’innovation sociale ou le master en développement durable.
L’apprentissage au service de la durabilité, qui figure à la fois dans la formation initiale des enseignants et dans le perfectionnement professionnel continu, doit être davantage mis en avant. Conformément à la stratégie nationale, l’université du Luxembourg a intégré l’apprentissage au service de la durabilité dans la formation menant au bachelor en sciences de l’éducation à partir de l’année académique 2012-2013. Cet apprentissage est assuré au moyen d’un cours obligatoire et d’un module éducatif interdisciplinaire connexe. Le perfectionnement professionnel continu axé sur l’apprentissage au service de la durabilité est organisé par l’Institut de formation de l’Éducation nationale (IFEN). Le programme actuel de l’enseignement primaire n’inclut pas officiellement l’apprentissage au service de la durabilité, ni les concepts éducatifs connexes. Toutefois, sa révision est en cours et il est prévu qu’elle intègre la durabilité en tant que thème interdisciplinaire essentiel. L’accord de coalition de 2023 (gouvernement, 2023) prévoit la révision du programme d’enseignement secondaire d’ici à 2027 auquel l’apprentissage au service de la durabilité sera officiellement intégré.
Le Luxembourg a pris plusieurs mesures pour adapter son offre d’enseignement et de formation professionnels (EFP) aux besoins de la transition écologique. Le centre national de formation professionnelle continue (CNFPC) a modernisé son offre et ses infrastructures afin d’y inclure de nouveaux cours axés sur l’industrie 4.0 et les compétences vertes telles que la gestion des déchets, l’économie circulaire et l’efficacité énergétique. De nouveaux programmes d’EFP initiaux (EFPI) ont été mis en place pour les professionnels des secteurs de l’écologie et du numérique, notamment les diplômes de technicien «Énergies et bâtiments intelligents» et «Technologies intelligentes». Le Luxembourg propose également des certifications normalisées supplémentaires qui sont intégrées aux programmes d’EFPI, comme le certificat de manipulation sécurisée des gaz dangereux. Pour faire face à l’élargissement de l’offre de compétences en matière de transition écologique, le ministère de l’éducation a introduit un suivi des compétences vertes dans les programmes d’EFPI afin de mettre en évidence l’«écologisation» des compétences techniques et transversales (c’est-à-dire les économies d’énergie et la réutilisation des ressources) et de déterminer les domaines dans lesquels des mesures stratégiques peuvent être introduites de la manière la plus efficace.
2. Éducation et accueil des jeunes enfants
La participation à l’éducation et accueil des jeunes enfants (EAJE) avant l’âge de 3 ans est relativement élevée, mais à partir de l’âge de 3 ans, elle est inférieure à la moyenne de l’UE. En 2023, 60,0 % des enfants de moins de trois ans fréquentaient des structures d’accueil formelles, ce taux étant l’un des plus élevés de l’UE et bien supérieur à la moyenne de l’UE (37,4 %). En 2022, 90,5 % des enfants âgés de 3 ans et plus participaient à l’EAJE formelle, un taux inférieur à la moyenne de l’UE (93,0 %) et à l’objectif fixé au niveau de l’UE (96 %) pour 2030. L’enseignement obligatoire commence par deux années d’enseignement préscolaire dès l’âge de 4 ans, et cet enseignement peut être complété par une année facultative dès l’âge de 3 ans.
De nouveaux programmes sont disponibles pour former les professionnels travaillant dans le domaine de l’EAJE. Un programme de 3 ans dans le domaine de l’enseignement menant à un diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) a été lancé en allemand en septembre 2022 et en français en septembre 2023. Ce programme est accessible aux diplômés du premier cycle de l’enseignement secondaire et débouche sur un diplôme leur permettant de travailler dans divers services d’accueil de l’enfance et de la jeunesse. Un programme «DAP Inclusion» d’une durée de 3 ans a également été mis en place en septembre 2023 afin de former des professionnels travaillant avec des personnes ayant des besoins particuliers, y compris dans des structures de garde d’enfants.
3. Enseignement scolaire
Les résultats scolaires sont étroitement liés au statut socio-économique des élèves et à leur milieu linguistique. Les niveaux de compétence moyens au Luxembourg, tels qu’évalués dans le cadre de l’enquête de 2018 du programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE, étaient considérablement plus faibles que la moyenne de l’UE dans l’ensemble des trois matières testées 1 . L’écart observé entre les résultats des étudiants favorisés et ceux des étudiants défavorisés est le plus important parmi tous les pays de l’UE. Les données nationales montrent qu’au moment de leur entrée à l’école, les élèves possèdent les compétences de base essentielles pour commencer à acquérir les aptitudes à lire et à écrire. Cependant, dès le début de la troisième primaire, à partir de l’âge de 8 ans, les compétences de nombreux élèves en compréhension de l’écrit en langue allemande et en mathématiques diminuent sensiblement, en particulier celles des élèves issus de milieux défavorisés ou dont la première langue n’est ni l’allemand ni le luxembourgeois (Hornung et al., 2021). Dans les recommandations qu’il lui a adressées en 2024, le Conseil de l’UE a recommandé au Luxembourg de prendre des mesures afin d’améliorer le fonctionnement de son système scolaire et de promouvoir l’égalité des chances pour tous les élèves, notamment en adaptant l’enseignement aux besoins des élèves défavorisés ou issus de milieux linguistiques divers (Conseil de l’UE, 2024).
Avec un taux de jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation s’élevant à 6,8 % en 2023, le Luxembourg a déjà atteint l’objectif fixé au niveau de l’UE (à savoir un taux inférieur à 9 %). Ce chiffre, en ce qui concerne le Luxembourg, doit néanmoins être considéré avec prudence compte tenu de la taille limitée de l’échantillon et de la faible fiabilité des données de 2023 pour le Luxembourg. Selon les données nationales, la proportion de personnes âgées de 16 à 24 ans ayant quitté l’éducation et la formation sans obtenir leur diplôme de l’enseignement secondaire supérieur est tombé à 7,6 % en 2022-2023, contre 8,1 % en 2021-2022 (MENJE, 2024). Ce chiffre coïncide avec les niveaux mesurés au cours des cinq dernières années, à l’exception de l’année 2019-2020, au cours de laquelle le niveau enregistré était exceptionnellement bas (7,0 %). Lorsqu’ils quittent l’école, la plupart des élèves (46 %) ont entre 17 et 18 ans, âge où ils sont censés choisir entre différentes filières d’enseignement. Plus d’un quart des décrocheurs quittent le système d’éducation et de formation plus d’une fois, un chiffre qui a augmenté de 5 points de pourcentage au cours des cinq dernières années. La proportion de garçons qui décrochent est 70 % plus élevée que celle des filles (63 % contre 37 %). En 2022-2023, 84 % des étudiants en décrochage avaient redoublé au moins une fois. Dans les différents secteurs de l’enseignement secondaire, le taux de décrochage le plus élevé a été enregistré dans le parcours préparatoire (30 %), dans les classes d’orientation (CIP/COP) (35,4 %) et dans les filières professionnelles de l’enseignement secondaire: 15,2 % dans celle menant au diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) et 22,5 % dans celle menant au certificat de capacité professionnelle (CCP). En revanche, ce taux n’était que de 2,5 % dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire universitaire.
Graphique1: taux de décrochage des 16-24 ans selon les données nationales (en %)
Pour éviter le décrochage scolaire ou y remédier, des services spécialisés sont mis à disposition. Le service national de la jeunesse (SNJ) repère les jeunes qui présentent un risque d’abandonner l’école ou qui l’ont déjà abandonnée, et les contacte individuellement pour les orienter. Ces jeunes sont alors informés des offres de formation et d’emploi possibles. Si un retour à l’école ou une entrée dans le monde du travail ne peuvent être envisagés dans l’immédiat, le SNJ peut leur proposer de participer à un programme volontaire de 3 à 12 mois au cours duquel les jeunes bénéficient d’un soutien ciblé. Ils peuvent ainsi acquérir une expérience pratique et améliorer leurs compétences non techniques. De plus en plus de jeunes adhèrent à ce programme: près de 490 accords en ce sens ont été signés en 2022-2023, ce qui est un record (MENJE, 2024). Le SNJ organise également différents ateliers, formations et stages de «découverte» de courte durée en entreprise. En outre, les centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP) proposent un soutien personnalisé de longue durée aux jeunes de deux tranches d’âge différentes: le programme «Relance» pour les 12-16 ans et le programme «Reconnect» pour les 16-24 ans. L’objectif est d’aider les jeunes en décrochage scolaire à réintégrer le système d’éducation et de formation.
Ces dernières années, le bien-être et la santé mentale des adolescents se sont détériorés. Selon la dernière enquête sur le comportement des enfants d’âge scolaire en matière de santé au Luxembourg (HBSC) 2 (université du Luxembourg, 2023a), la proportion d’adolescents se déclarant très satisfaits de leur vie au Luxembourg a diminué (2022: 29 %; 2018: 32 %). Environ 62 % des filles ont fait état de plusieurs problèmes de santé, contre 35 % des garçons. La santé mentale des adolescents s’est dégradée dans les groupes d’âge plus élevés: alors qu’à l’âge de 11-12 ans, la proportion de jeunes exposés au risque de dépression était de 8 % pour les garçons et de 15 % pour les filles, à l’âge de 17-18 ans, cette proportion était de 19 % pour les garçons et de 34 % pour les filles. Une tendance similaire en matière d’âge et de sexe a été observée dans l’enquête HBSC précédente portant sur le Luxembourg et sur d’autres pays. Toutefois, au Luxembourg, la différence entre les filles et les garçons en ce qui concerne le niveau de satisfaction dans la vie, qui est en faveur des garçons, est la plus marquée depuis 2006.
Les responsabilités sont réorganisées à la suite de la prolongation de l’obligation scolaire. Dans le cadre de la nouvelle loi concernant la prolongation de l’obligation scolaire de 16 à 18 ans d’ici à 2026, le ministère de l’éducation assumera la responsabilité du suivi de l’obligation scolaire auprès des autorités locales. Les municipalités, qui sont chargées de l’organisation de la scolarité et qui sont généralement le premier point de contact pour les familles, continueront à informer les parents au début de l’obligation scolaire de leur enfant, et les enfants seront automatiquement inscrits dans l’une des écoles publiques de la zone scolaire de leur lieu de résidence. Toutefois, les parents sont responsables de l’inscription de leur enfant dans un établissement d’enseignement secondaire. Les parents d’élèves soumis à l’obligation scolaire et scolarisés à l’étranger sont tenus d’envoyer un certificat d’inscription au ministère de l’éducation (MENJE, 2023).
Une étude montre des résultats encourageants en matière d’éducation dans les écoles publiques européennes. L’augmentation du nombre d’écoles publiques européennes au Luxembourg a permis de répondre à la problématique de la très grande diversité linguistique. Dans une école publique européenne, les élèves peuvent choisir leur langue d’enseignement principale parmi l’anglais, le français et l’allemand, ce qui n’est pas le cas dans les autres écoles luxembourgeoises, qui reposent sur un système trilingue. Une étude récente sur les écoles publiques européennes (université du Luxembourg, 2023b) compare les acquis d’apprentissage des élèves les fréquentant à ceux des élèves du système national. Il apparaît que les élèves des écoles publiques européennes obtiennent de meilleurs résultats, redoublent moins souvent et sont moins susceptibles de changer de filière que les élèves du système traditionnel. Toutefois, il convient de tenir compte du fait que les élèves fréquentant les écoles publiques européennes ont un profil socio-économique plus favorable que les élèves fréquentant les écoles traditionnelles. Dans le même temps, les nouveaux élèves sont surreprésentés dans les écoles publiques européennes, notamment les élèves récemment arrivés d’Ukraine (graphique 2). Un autre facteur pouvant expliquer les meilleurs acquis d’apprentissage dans les écoles publiques européennes est le fait que ces dernières fournissent un enseignement primaire et secondaire au sein d’un seul et même établissement. Compte tenu de la forte demande (environ deux fois plus de candidats que de places), le gouvernement prévoit d’ouvrir trois autres écoles publiques européennes dans le sud, qui sont susceptibles d’attirer davantage d’élèves défavorisés de la région (gouvernement, 2023).
Graphique 2: répartition des élèves ukrainiens inscrits pour la première fois en 2021-2022 par cursus par rapport à d’autres groupes d’élèves (en %)
Encadré 1: projet pilote d’acquisition de la lecture et de l’écriture en français visant à améliorer les compétences de base des élèves issus de différents milieux linguistiques
En 2022-2023, le luxembourgeois n’était pas la première langue d’environ 68 % des élèves de l’enseignement primaire. Pour répondre à la problématique de la très grande diversité linguistique, une initiative pilote portant sur la lecture et l’écriture en français a été lancée dans quatre écoles primaires en 2022-2023. Le régime linguistique expérimental diffère du régime traditionnel, dans lequel le luxembourgeois est supposé être la première langue des élèves et dans lequel les élèves de première année passent à l’allemand lorsqu’ils apprennent à lire et à écrire. Le français est ensuite introduit à l’oral à l’âge de 6 ans et à l’écrit à l’âge de 8 ans. Pour les élèves soumis au régime expérimental de la lecture et de l’écriture en français, le projet pilote inverse ce schéma: le français est la première langue écrite et parlée, tandis que l’allemand est ensuite introduit à l’oral à l’âge de 6 ans et à l’écrit à l’âge de 8 ans. Le projet pilote est supervisé par un comité consultatif scientifique composé d’experts internationaux et évalué par le Centre luxembourgeois d’évaluation de l’éducation (LUCET) de l’université du Luxembourg. Les premières épreuves standardisées, passés par les élèves de première année à l’automne 2023, ont montré que les élèves participant au projet pilote obtenaient de meilleurs résultats que leurs camarades possédant des caractéristiques comparables mais ayant reçu un enseignement en allemand (université du Luxembourg, 2024). Les résultats en mathématiques et en luxembourgeois à l’oral étaient solides pour tous les élèves, indépendamment de leur langue familiale et de leur langue d’alphabétisation. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence en raison de la petite taille de l’échantillon et du fait que les épreuves ne sont pas tout à fait les mêmes dans les deux langues. Dans l’accord de coalition, le gouvernement a annoncé son intention d’étendre l’option relative à la lecture et à l’écriture en français au niveau national à partir de 2026-2027 si les résultats du projet pilote sont positifs.
4. Enseignement et formation professionnels
Au Luxembourg, l’EFP attire encore une forte proportion d’étudiants. Dans les niveaux d’enseignement intermédiaire 3 , 6 étudiants sur 10 suivent des programmes d’orientation professionnelle (60,5 % en 2022). Bien que seulement un tiers des jeunes diplômés de l’EFP (34,5 % en 2023) aient bénéficié d’une formation par le travail, le taux d’emploi des jeunes diplômés de l’EFP au Luxembourg était de 80 % en 2023, soit un taux proche de la moyenne de l’UE (81 %).
Au Luxembourg, l’EFP est de plus en plus axé sur les compétences. À partir de l’année scolaire 2022-2023, les «sciences numériques» sont devenues une matière intégrée dans toutes les classes de première année du premier cycle de l’enseignement secondaire, y compris dans l’EFP, après une période d’essai en 2021-2022. En 2023-2024, cette matière a été ajoutée au programme des trois premières années du premier cycle de l’enseignement secondaire et, à partir de 2024-2025, elle sera intégrée au programme de l’ensemble du premier cycle de l’enseignement secondaire. Cette matière couvre six grands thèmes liés aux dimensions humaine et technique de la numérisation: la communication, l’esprit critique, l’internet des objets, la programmation, la robotique et l’intelligence artificielle. En 2023, le ministère de l’éducation a continué de fournir de nouvelles petites certifications supplémentaires pour des compétences spécifiques demandées sur le marché du travail dans le cadre des programmes réguliers de l’EFPI. Ces microcertifications, délivrées par des écoles accréditées, permettent l’intégration rapide de compétences propres à une profession et de compétences vertes au sein des programmes de l’EFPI. En 2023, un ensemble de données pilote et une analyse longitudinale d’un ensemble d’indicateurs pour un groupe de professions ont été validés par le comité directeur de l’EFP. Ces évolutions font partie du plan d’action pour le développement d’un suivi de la qualité fondé sur les données dans le système de l’EFP créé par le ministère de l’éducation.
5. Enseignement supérieur
Au Luxembourg, le taux de diplômés de l’enseignement supérieur compte parmi les plus élevés de l’UE, 60,2 % de la population âgée de 25 à 34 ans possédant un diplôme de l’enseignement supérieur (contre une moyenne de l’UE de 43,1 %). La proportion de femmes hautement qualifiées dans cette tranche d’âge dépasse celle des hommes de 9,3 points de pourcentage (contre une moyenne de l’UE de 11,2). Le taux de diplômés de l’enseignement supérieur est considérablement plus élevé parmi la population migrante (64,6 %, contre 54,3 % pour les personnes nées au Luxembourg). Parmi les personnes nées à l’étranger, le taux de personnes hautement qualifiées est plus élevé chez les personnes nées dans l’UE (67,0 %) que chez les personnes nées en dehors de l’UE (60,3 %). En un an, le taux d’emploi des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur a baissé de 6,5 points de pourcentage, pour atteindre 86,7 % en 2023 (la moyenne de l’UE étant de 87,7 %).
L’université du Luxembourg est très attrayante pour les étudiants internationaux. En 2022, 79,4 % 4 des diplômés de l’enseignement supérieur luxembourgeois se sont lancés dans une expérience de mobilité à des fins d’apprentissage à l’étranger, ce qui est bien supérieur à la moyenne européenne de 11,0 % et à l’objectif d’UE de 23 %. Cela est lié au fait qu’une période d’études à l’étranger est une condition préalable à l’obtention d’un bachelor à l’université du Luxembourg et que les étudiants luxembourgeois bénéficient d’une bourse d’État, même s’ils étudient à l’étranger. Avec 20,0 %, le Luxembourg occupe également la première place en ce qui concerne le taux de diplômés ayant obtenu leur diplôme au Luxembourg tout en ayant obtenu leur diplôme de l’enseignement secondaire supérieur dans un autre pays. Les programmes d’études à l’université du Luxembourg sont bilingues, trilingues (français, allemand et anglais) ou entièrement en anglais, et les diplômés bénéficient de bonnes perspectives d’emploi au Luxembourg.
Le Luxembourg met en place de nouveaux programmes d’études dans le domaine de l’éducation. Parallèlement à l’actuel bachelor en quatre ans en sciences de l’éducation de l’université, un nouveau programme de bachelor en un an dans le domaine de l’éducation et destiné aux personnes déjà titulaires d’un diplôme de bachelor dans une matière liée à l’enseignement primaire a vu le jour en 2023-2024. Au cours de ce programme étalé sur deux semestres, les étudiants devraient acquérir les compétences pédagogiques et didactiques nécessaires pour pouvoir enseigner dans un environnement scolaire multilingue et multiculturel. Les candidats diplômés de ce programme pourront ainsi accéder à la profession d’enseignant dans les mêmes conditions que les candidats titulaires d’un bachelor en sciences de l’éducation. Ce nouveau programme remplacera entièrement l’ancien programme Quereinsteiger (recrutement latéral) (MENJE, 2023). En outre, l’université lance les trois nouveaux programmes de master suivants en lien avec l’éducation à partir de 2024-2025: gestion et développement des écoles; développement de l’enseignement; et éducation inclusive et accessibilité pédagogique. Le programme de ces trois masters s’adresse aux titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur préparant à la fonction d’instituteur qui travaillent déjà dans le système scolaire luxembourgeois. Ces programmes d’études à temps partiel et sur le tas ont une durée de 2 ans.
La nouvelle loi sur l’organisation de l’enseignement supérieur définit le champ d’application de l’enseignement supérieur au Luxembourg. La loi de juillet 2023 5 fournit la base juridique pour l’assurance qualité et l’accréditation des programmes de cycle court [brevet de technicien supérieur (BTS)] et des programmes d’études des établissements d’enseignement supérieur spécialisés. Les établissements d’enseignement supérieur spécialisés sont des établissements privés ou étrangers. Un BTS est délivré aux étudiants ayant suivi un programme d’études accrédité par le ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et ayant réussi leur cursus. Pour obtenir une accréditation, les programmes de BTS et les établissements d’enseignement supérieur spécialisés ainsi que leurs programmes sont évalués par l’agence d’accréditation néerlando-flamande NVAO ( Nederlands-Vlaamse Accreditatieorganisatie ), qui est inscrite au registre européen pour la garantie de la qualité dans l’enseignement supérieur.
Le Benelux et les pays baltes reconnaissent mutuellement et automatiquement les diplômes de leurs établissements d’enseignement supérieur depuis le 1er mai 2024. À cette date, un traité signé entre la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie en 2021 est entré en vigueur (Eurydice Belgium, 2024). Cet accord garantit aux diplômés la reconnaissance de leurs diplômes sur le marché du travail ou la possibilité de poursuivre leurs études dans l’un de ces pays. En 2015, les pays du Benelux ont introduit la reconnaissance mutuelle et automatique des diplômes de bachelor et de master, puis, en 2018, des diplômes associés et des doctorats. Au cours des dernières années, les pays baltes ont également commencé à reconnaître leurs diplômes respectifs. L’accord est novateur en ce qu’il relie les deux accords régionaux existants. Il permet ainsi de contribuer à la mise en œuvre de l’espace européen de l’éducation, dans lequel les qualifications sont automatiquement reconnues aux fins de la poursuite de l’apprentissage.
6. Éducation et formation des adultes
Malgré de bons résultats globaux en matière d’éducation et de formation des adultes, la participation des travailleurs plus âgés et des personnes peu qualifiées aux programmes d’apprentissage reste faible et l’inadéquation des compétences est supérieure à la moyenne de l’UE. La proportion de personnes ayant participé à des activités d’éducation et de formation des adultes au cours des 12 derniers mois 6 a atteint 45,2 % en 2022, ce qui est nettement supérieur à la moyenne de l’UE (39,5 %), mais inférieur à l’objectif national de 62,5 % d’ici à 2030. Alors qu’en 2022, la participation des adultes à l’apprentissage était remarquable pour les chômeurs, s’élevant à 39,9 % (UE 26,0 %), elle était inférieure à la moyenne de l’UE pour les travailleurs plus âgés (29,0 %; UE: 29,9 %) et les personnes peu qualifiées (20,0 %; UE: 18,4 %). En outre, l’inadéquation en matière de compétences à tous les niveaux s’élevait à 23,8 % en 2022 (UE: 20,2 %). Par ailleurs, 80 % des petites et moyennes entreprises éprouvent des difficultés à trouver des travailleurs possédant les compétences requises. En 2023, la proportion de personnes âgées de 16 à 74 ans possédant au moins des compétences numériques de base était de 60,1 % (UE: 55,5 %) et les progrès annuels récents visant à augmenter ce chiffre ont été lents (Commission européenne, 2024). La Chambre de commerce appelle à la mise en place d’une stratégie nationale en matière de compétences à destination des travailleurs plus âgés qui permettrait de garantir qu’aucun d’entre eux ne soit privé d’un perfectionnement professionnel dans le domaine des technologies de l’information et qui prévoirait une évaluation systématique des compétences pour les travailleurs âgés de 45 ans, une collaboration d’apprentissage intergénérationnelle et des mesures d’accompagnement/un coaching pour les travailleurs plus âgés «qui ne sont ni en emploi, ni en retraite, ni en formation» (Idea, 2023).
Pour relever ces défis, le Luxembourg prend de nouvelles mesures en vue d’élaborer une stratégie nationale en matière de compétences. Dans son rapport de 2023, l’OCDE recommande de se concentrer sur les priorités clés suivantes: offrir des possibilités de formation des adultes adaptées au marché du travail, orienter et encourager les choix de compétences, renforcer la gouvernance des données sur les compétences et attirer et retenir les talents étrangers pour combler les pénuries de compétences (OCDE, 2023). Cette dernière recommandation a fait l’objet d’une loi 7 , qui est entrée en vigueur en septembre 2023 et qui facilite l’embauche de ressortissants de pays tiers. En 2023, conformément à la recommandation de l’OCDE sur la gouvernance des compétences, l’ADEM, le service public de l’emploi, a publié deux nouvelles études sectorielles sur les compétences dans les secteurs de l’action sociale et de la santé et des soins afin de soutenir l’anticipation des compétences (ADEM, 2023). Le projet de loi «Skills-Plang» 8 (plan de compétences) a été introduit en juin 2023 pour aider les entreprises à prévoir les évolutions futures de l’emploi et les besoins futurs en matière de compétences. Il prévoit une assistance et un financement important pour mettre au point des parcours de perfectionnement et de reconversion professionnels pour les entreprises ainsi que des plans de formation individuels adaptés aux besoins des travailleurs en phase de transition. En juin 2023, la Digital Skills and Jobs Coalition Luxembourg (coalition pour les compétences et les emplois numériques au Luxembourg) a lancé la plateforme Digital Skills and Jobs , en tant que plateforme d’informations sur les compétences et les possibilités numériques au Luxembourg. La plateforme vise à partager et à promouvoir les initiatives en matière de compétences numériques et à encourager la mise en relation, ce qui devrait contribuer à soutenir la croissance et à accroître la sensibilisation. Enfin, en juillet 2024, le gouvernement a présenté l’offre de formation «Skillsbridges», un nouveau format de formation professionnelle continue. Trois formations (l’intelligence artificielle au service des équipes administratives, agent d’entretien d’espaces verts et construction bas carbone et utilisation de matériaux de construction biosourcés) ont été lancées en septembre 2024 et une vingtaine d’autres formations seront progressivement ajoutées. Ces programmes de courte durée et ciblant un large public sur le plan des qualifications, du secteur et du statut professionnel devraient permettre aux adultes de s’adapter aux nouvelles technologies et à l’évolution constante du marché du travail.
Encadré 2: projet Skills4Job du FSE +
L’objectif de ce projet du Fonds social européen plus (FSE+) était d’approfondir les compétences interdisciplinaires et techniques des demandeurs d’emploi recherchées sur le marché du travail.
À travers le programme «Skills4Job», présenté comme une opération d’importance stratégique dans le cadre du programme FSE+, la Maison de la formation et l’ADEM aident les demandeurs d’emploi du Luxembourg à réintégrer durablement un marché de l’emploi en constante évolution. Les trois formations proposées combinent accompagnement individuel et formation de groupe en présentiel et en ligne afin que chaque participant puisse, en fonction de ses besoins:
- - (ré)élaborer un plan de carrière à court terme en fonction de son profil professionnel et des besoins du marché du travail, et déterminer les besoins en matière de perfectionnement ou de reconversion professionnels;
- - renforcer ses compétences interdisciplinaires et, grâce à un plan de formation personnalisé, acquérir les connaissances techniques nécessaires pour réussir sa réinsertion sur le marché du travail ou se reconvertir en vue d’une nouvelle carrière; et
- - optimiser son employabilité en travaillant sur sa stratégie de recherche d’emploi, sa présence en ligne et ses documents de candidature, et en se préparant aux entretiens d’embauche.
Budget: 1,55 millions d’EUR, dont 0,6 millions d’EUR fournis par le FSE+
Période de mise en œuvre: janvier 2023 - juin 2025
https://adem.public.lu/fr/demandeurs-demploi/se-former/formations-ADEM/Demandeurs-d_emploi-ages-de-plus-de-30-ans.htmlRéférences
- ADEM (2023): https://adem.public.lu/fr/actualites/adem/2023/10/etudes-sectorielles.html
- Conseil de l’UE (2024): Le Conseil de l’Union européenne: Recommandation du Conseil relative aux politiques économique, sociale, de l’emploi, structurelle et budgétaire du Luxembourg. https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-11708-2024-INIT/fr/pdf.
- Commission européenne (2024): Commission européenne: 2024 State of the Digital Decade (État d’avancement de la décennie numérique 2024). https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/2024-state-digital-decade-package
- Eurydice Belgique (2024): Unité Eurydice Belgique (FR): Belgique (FR): Benelux-Baltic agreement on automatic diploma recognition (Un accord sur la reconnaissance automatique des diplômes conclu entre le Benelux et les pays baltes). https://eurydice.eacea.ec.europa.eu/news/belgium-fr-benelux-baltic-agreement-automatic-diploma-recognition
- Gouvernement (2023): Gouvernement de Luxembourg: Accord de coalition 2023-2028. https://gouvernement.lu/fr/publications/accord-coalition/accord-de-coalition-2023-2028/accord-de-coalition-2023-2028.html
- Hornung et al. (2021): Hornung, C., Wollschläger, R., Keller, U., Esch, P., Muller, C. et Fischbach, A.: Nouveaux résultats longitudinaux issus du monitoring scolaire national ÉpStan en première et troisième année scolaire (cycles 2.1 et 3.1): tendance négative au niveau du développement des compétences et redoublements inefficaces In: Université du Luxembourg, Centre luxembourgeois d’évaluation de l’éducation: Bildungsbericht. https://www.script.lu/fr/publications?field_categorie_target_id=9
- Idea (2023): Fondation Idea: Repenser la formation professionnelle continue pour les seniors. https://www.fondation-idea.lu/2023/08/17/aout-of-the-box-2023-repenser-la-formation-professionnelle-continue-pour-les-seniors/
- Université du Luxembourg (2018): Université du Luxembourg: Quatrième plan quadriennal pour l’université du Luxembourg 2018-2021. Version validée par le Conseil de Gouvernance. Édition finale — 1er février 2018, 2018.
- Université du Luxembourg (2023a): Université du Luxembourg: Santé mentale et bien-être des enfants et adolescents en âge scolaire au Luxembourg — Rapport sur l’étude HBSC Luxembourg de 2022. https://orbilu.uni.lu/bitstream/10993/59002/1/HBSC_2022_Rapport%20Santé%20Mentale.pdf
- Université du Luxembourg (2023b): Université du Luxembourg - Centre luxembourgeois d’évaluation de l’éducation: European Public School Report 2023 (Rapport sur les écoles publiques européennes 2023). https://orbilu.uni.lu/bitstream/10993/55481/1/EPS%20Report%202023.pdf
- Université du Luxembourg (2024): Université du Luxembourg - Centre luxembourgeois d’évaluation de l’éducation: Premières leçons pour l’alphabétisation des écoliers à la carte. https://www.uni.lu/fhse-fr/news/premieres-lecons-pour-l-alphabetisation-des-ecoliers-a-la-carte/.
- MENJE (2023): Ministère de l’éducation nationale, de l’enfance et de la jeunesse: Dossier de presse. Rentrée 2023/2024, septembre 2023. https://men.public.lu/de/actualites/communiques-conference-presse/2023/10/04-plan-etudes-ef.html
- MENJE (2024): Ministère de l’éducation nationale, de l’enfance et de la jeunesse: Jeunes décrocheurs et jeunes inactifs au Luxembourg 2022/2023. https://men.public.lu/fr/publications/statistiques-etudes/statistiques-globales/jeunes-decrocheurs-22-23.html
- OCDE (2023): Stratégie de l’OCDE sur les compétences au Luxembourg: évaluation et recommandations, études de l’OCDE sur les compétences https://www.oecd-ilibrary.org/fr/education/strategie-de-l-ocde-sur-les-competences-au-luxembourg-version-abregee_dcf9ea51-fr
Références de publication
- Numéro de catalogueNC-AN-24-016-FR-Q
- ISBN978-92-68-19191-0
- ISSN2466-9997
- DOI10.2766/474093
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